7

Une nuit au Paradis

Je ne pouvais croire à l’endroit où ma ballade avait abouti. Mais dans les profondeurs de mon subconscient, je savais où elle pourrait se terminer. Il y avait un froid glacial palpable dans l’ atmosphère du couloir ce lundi soir. Il se faisait tard, et il n’ y avait aucun son qui ne pouvait être entendu. Mon estomac se retournait dans tous les sens de nervosité alors que j’ atteignais la porte. Je frappais légèrement, brisant le silence. Aussitôt après, j’entendis comme un murmure.

- « Raccrocher », vocalisa-t-elle.

Sa voix était chaude comme le velours, mais semblait provenir de très très loin. La serrure de la porte céda bruyamment, et je commençais. Il y avait plus qu’un murmure, puis une pause :

- « Entres. ».

Je tournais avec précaution le bouton et poussais doucement la porte. Je passais ma tête dans l’entrebâillement. Elle était assise dans son lit, regardant fixement dans l’espace de la pièce tout en tenant le combiné du téléphone près de son oreille. Son bras et son coude maintenaient l’édredon autour d’elle. C’était le plus confortable des édredons que l’on pouvait imaginer. Celui-ci avait été rempli de la plus douce et de la plus chaude des plumules dans le monde. J’étais sûr que la plus confortable des chaleurs émanait d’elle, et non pas des oreillers et peluches qu’elle tenait contre elle.

Je me rendis compte soudainement que je permettais à un filet d’air de s’immiscer dans sa petite pièce douillette. Rapidement, je me glissais dans l’embrasure de la porte, et je la refermais tout en retenant celle-ci derrière moi. Elle fronçait les sourcils pendant qu’elle écoutait la personne à l’autre bout du combiné du téléphone. La voir se renfrogner me décontenançait. Je rampais jusqu’à son lit, accroupi sur le tapis et je posais ma tête à côté de la sienne. Je faisais semblant d’écouter la conversation pendant que je me laissais hâpper par sa chaleur corporelle. Elle me jeta un regard et je souriais. Ce qui était froncé, se détendit en un sourire pensif.

Je m’asseyais là pour quelques minutes, satisfait d’être à côté d’elle. J’étais au comble de la joie d’entendre sa voix, bien qu’il y avait dedans quelque chose de l’ordre du courroux. « Raccrocher », chuchotais-je finalement. Elle opina du chef, et émit quelque chose de l’ordre de l’excuse. La tonalité de fin fut comme une musique à mes oreilles, et je pris le téléphone de ses mains et en déposais le combiné sur le sol.

Elle commença à me parler de l’appel, mais je n’écoutais pas. J’étais subjugué par le mesmérisme de son visage. Je regardais ses lèvres s’agiter doucement, et je sentis quelque chose à l’ intérieur de mon âme s’attendrir.

J’en oubliais alors mon anxiété, et je l’ interrompis :

- « Tu es si belle », lui dis-je.

Nous étions face-à-face, et je regardais avec insistance ses yeux brillants. Son expression était médusante. J’effleurais du dos de mes doigts sa joue douce et lisse, et un sourire moqueur apparut. Ses yeux traduisant la perplexité ont exploré mon visage. Ma main a dérivé et s’est attardée dans ses cheveux soyeux.

- « Est-ce que je suis là maintenant ? », dit-elle.

Le son de sa voix vocalisait le doute. Emportant sa main pour rencontrer la mienne, elle referma ses doigts doucement autour de mon poignet. Elle le repoussa.

- « Absolument et complètement. », disais-je rêveur.

Elle sourit, mais regarda vers moi avec réprobation. Il y eut une suspension du temps comme je mettais mes mains entre mes genoux et lui donnais à voir un visage rayonnant. Elle ouvrit sa bouche pour dire quelque chose, et j’ attendis. Elle évitait mes yeux.

- « C’est juste un coup de béguin, ça passera. », murmura-t-elle finalement.

« Peut-être », lui dis-je, comme je laissais s’échapper un profond soupir.

Après quelques pensées plus loin, j’ajoutais :

- « Je pense que c’est de l’ amour. »

Ses yeux revinrent à moi comme pour rétorquer :

- « Tu m’aimes? » se moqua-t-elle, ébrouant rapidement son petit nez.

Elle se concentra sur le design floral de son édredon. Sa voix était un peu plus douce alors qu’elle ajoutait :

- « Est-ce que tu penses que nous sommes assez intimes pour l’ amour? ».

Je regardais entre mes genoux, et je versais une larme. Je bougeais rapidement mon doigt pour intercepter cette goutte d’ eau de façon anodine. Je déglutissais d’ angoisse avant de dire :

- « Nous étions intimes, il y a une minute ».

Elle fronça les sourcils, et prit une profonde inspiration. Elle la libéra lentement. Elle regarda vers moi, et elle devait avoir noté mon regard vitreux.

- « Est-ce que je t’ai blessé ? », dit-elle de façon compâtissante.

J’ ouvris ma bouche pour dire « Oui », mais je savais que ma voix glapissait, alors elle hocha la tête lentement.

« Pourquoi tu me prêtes tant d’attention ? » répondit-elle, agitant la tête.

Mon visage se referma, et les pleurs commençèrent à affluer librement. Je me sentais comme si je me devais de partir. Je me sentais comme si je n’ avais pas dû venir.

- « Je suis amoureux de toi. Je l’ai été pendant des mois. Je suis juste trop... ».

- « Timide. Je sais. Tu me l’ as dit, rappelles-toi ».

- « Tu n’ as jamais répondu à ma lettre. Je me suis dit que je ne te poursuivrais plus après cela. »

- « Qu’est-ce qui t’ as fait changer d’ idée ? », s’enquérit-elle.

Je considérais sa question pour un moment. Il était difficile de dire quoi exactement me poussait à la poursuivre encore. C’était un mélange de plusieurs choses. Des choses qui prendraient trop de temps à lui être relatées. Je battais des ailes en mon for intérieur priant pour un accident particulier.

- « La semaine dernière. La jupe et le bas. », balbutiais-je.

Elle roula des yeux en signe de dégoût.

- « Non, je les aime réellement sur toi. J’ apprécie les bas résilles. Je pense qu’ils sont très... séduisants. ». Alors, je saisissais.

- « Et tu appelles ça de l’ amour, n’est-ce pas ? ».

- « Non ! », je pleurais, arquant ma tête.

Ma voix changeait au travers d’un soupir grinçant.

- « Regardes, oublies, je m’en irai.».

J’essuyais un peu de rosée larmoyante sur mon visage avec ma manche, et je m’ emberlificotais les pieds. J’ ai presque buté sur sa natte, et j’ ai dû me stabiliser avec son bureau. J’étais vraiment énervé à présent, et tout dans mon esprit était flou.

Tout allait si mal. La pire casuistique de scénario. Je commençais à traverser la pièce à toute allure jusqu’à la porte. Je me suis retourné pour voir une dernière lueur de ma fille de rêve, seulement pour la voir s’extraire du lit. Portant une chemise de nuit rouge, de type T-shirt, un ourson blanc câlinant imprimé dessus, elle arriva sur moi. Elle allongea ses bras vers moi avec une attitude enfantine. Je restais là, essuyant mes yeux avec ma manche à nouveau. Elle sourit comme si rien ne s’était passé et s’approcha plus près. Ses bras vinrent envelopper mes épaules et elle reposa sa tête sur mon épaule droite. Je restais là, sidéré.

- « Tu me fais un câlin », soupirais-je.

- « Je fais des câlins à tout le monde », répliqua-t-elle.

- « Non. Avant tu faisais des câlins à tout le monde sauf à moi. Même quand je te donnais... ».

J’ ai pleurniché avant qu’elle ne fasse un seul son. Je tentais de conserver une respiration régulière mais mes poumons continuaient de trembler d’ amour. Nous restâmes ainsi debout une éternité. Après un moment, je remarquais qu’elle me berçait doucement. C’était si apaisant d’être dans ses bras, se laissant aller à se mouvoir avec elle. Je lui rendis son câlin.

- « Je ferais mieux d’ y aller », dis-je.

Elle ne bougea pas. Je tournais légèrement la tête voir si elle était tombée endormie. Mais elle était seulement en train de regarder calmement un poster sur le mur derrière moi. Son expression satisfaite élevait les deux commissures de mes lèvres. Puis ses yeux me fixèrent, et je commençais à glousser doucement.

- « Qu’est-ce qu’il se passe ? », répondit-elle doucement.

- « Gee, Tu es adorable. »

Elle regarda en arrière sur le poster.

- « Expliques-moi comment », dit-elle.

Je la regardais de profil, et toutes les expressions que je n’avais jamais pu voir sur son visage voletaient vers mon esprit en un instant. De profil, la boucle de cheveux en travers de son arrête nasale était proéminente.

- « Juste ton expression. La façon dont tes yeux sont si grands et brillants... et ton nez est si... Je ne sais pas. ».

Elle ne répondit pas. J’attendis quelques minutes.

- « Veux-tu que je m’ en aille ? » demandais-je, ma gorge se serra à la seule pensée de quitter les entrelacs de ses bras.

- « Ne t’ en vas pas », dit-elle.

Après une brève pause, elle ajouta :

- « Sauf si tu le veux. »

- « Peut-on s’asseoir alors ? ».

Encore, j’attendis un moment avant qu’elle ne réplique. Soudain, elle lâchait un « Okay », et quittait ses embrassades. Instantanément, je sentis comme un froid, et mes bras la suivirent pour quelques secondes encore, comme elle traînait sur le lit. Elle prit deux des oreillers et me les jeta.

- « Mets-les contre le mur », dit-elle.

- « Et traînes le tapis. ».

Je faisais ce qu’elle demandait, mais je ne pouvais laisser mes yeux se défaire de son visage. Elle mit son ours favori sous son bras pendant qu’elle traînait la doona hors du lit. Je suis juste resté là et j’ai regardé pendant qu’elle s’asseyait contre l’un des oreillers. Elle ramena l’édredon à elle. Elle regarda vers moi et sourit d’ un air penaud.

- « Assis donc », suggéra-t-elle, retournant un coin de l’ édredon où le second oreiller se trouvait.

J’ hésitais, pas sûr de ce que je faisais. J’avais peur qu’il n’ y ait une mésentente, un quiproquo. Je ne voulais pas exploiter ses amicalités.

- «  Je ne pense pas que l’ on devrait. », dis-je.

Une part de moi-même hurla d’ angoisse à ce que je venais de dire. L’ idée avait traversé mon esprit, mais elle ne resta pas plus d’ un instant. J’ étais visiblement embarrassé, et je sentais mon visage commencer à piquer un fard.

Elle rit de sa réflexion.

- « Devrait-t-on quoi ? Regardes, on va juste parler. On va juste faire le tri avec cette chose », gloussa-t-elle.

Elle a tapoté la surface de la natte à côté d’ elle. Et je me suis déplacé vers cet endroit avec précaution. Puis, elle m’atteignit de sa main et donna à mon bras une gente saccade. Je glissais sur mes genoux, et je rampais vers elle. Je me suis penché sur l’oreiller et je me suis tourné pour la regarder. Elle m’ a dévisagé pensivement, avant que je n’étende et que je ne ramène l’édredon jusqu’à mon torse. Puis je l’accrochais sous mon bras. L’ embarras et la nervosité se dissipaient peu à peu.

Nous ne parlâmes pas pendant un moment. Je regardais juste les pourtours de la chambre, me remémorant tous les moments de maladresse, lesquels avaient précédé l’ instant présent. J’ appelais sa chambre « Paradis », parce que c’est juste si chaleureux et heureux. J’ avais imaginé le paradis avec plein de nuages, apposant des contours flous sur toutes choses. Comme un rêve. Être dans sa chambre, c’est un peu beaucoup comme un rêve. Le monde extérieur semblait déconnecté ; froid et misérable. Le Paradis était plein d’une foultitude de belles choses. Et la plus belle de toutes était l’ange assise à côté de moi. Je me tournais vers elle, mais elle ne disait rien. Elle avait pu me regarder. Son visage vide souriait doucement tandis que je l’explorais plus intensément qu’auparavant.

- « Comment te sens-tu ? », demandais-je tout haut.

- « À quel sujet ? », demanda-t-elle en guise de réponse, inclinant sa tête légèrement.

- « Parles-moi de tes sentiments. Qu’est-ce que tu ressens maintenant ? »

Elle poussa un soupir, et regarda l’édredon. Elle ne parlait pas franchement. Sa bouche se contorsionnait pendant qu’elle semblait mettre en procès le premier mot faisant guise de réponse. Finalement, elle regarda vers moi, et de sa plus douce voix, répliqua :

- « Satisfaite. Je pense que je suis juste fatiguée, mais ma tête est comme une sorte de... Je ne sais pas... dans le flou. Comme si rien ne se passait réellement. »

- « Tu pouvais pas l’avoir disposé mieux. », dis-je, aussi doucement que je pouvais le faire. Je souriais un peu.

Elle regarda soudain vers moi intéressée.

- « La même chose pour toi, n’est-ce pas ? »

Je haussais les épaules, alors que mes yeux quittaient son visage et passaient au-dessus du côté de l’édredon.

- « Probablement pas exactement », dis-je, regardant l’ édredon en face de moi.

- « Mais proches, je pense.», ajoutais-je.

À ce moment, une vision de son corps nu pénétra mon esprit. Pas de détail, juste de douces courbes et des ombres noires. C’était une pensée interdite, peut-être une dont elle connaissait l’ existence. À cet instant, elle commença à parler, et ceci m’ effraya. Je pensais presque qu’elle allait aller dans mon sens dans la pénombre pour l’imaginer dans sa posture la plus intime.

- « À quoi penses-tu ? » demanda-t-elle, entrouvrant légèrement ses lèvres, regardant profondément dans mes yeux.

J’ étais parti pour mentir mais ses yeux avaient quelque chose qui me conduisirent à lui dire la vérité :

- « Je t’avais deshabillée. Je suis désolé. », dis-je, attendant une réponse et gardant mon sang froid.

Son visage ne changea pas d’ expression. M’avait-elle entendu ?

- « Est-ce que... tu sais.. », elle balbutiait, manquant un peu de confiance en elle.

Je fronçais les sourcils pour une seconde tandis que mon esprit tentait de déchiffrer sa question. Je voyais ses yeux se détourner légèrement. Je la suivais fixement, et soudain je me sentais comme totalement mis à nu, avec aucune chance de ne pouvoir me voiler.

- « Ah, hum... »

Je bredouillais autant que je m’agitais. À l’ initiale, je ne me sentais pas à l’ aise, mais par la suite, je regardais en contrebas de l’édredon, lequel trahissait chaque détail de sa silhouette et de ses formes. Elle était aussi exposée que moi. Elle avait le droit de s’ interroger, alors je hochais doucement la tête.

- « Je suis désolé, j’ essaye vraiment de... »

Elle sourit nerveusement.

- « Ne t’excuses pas », soupira-t-elle, bougeant sa main pour toucher la mienne. son contact m’était électrique, et je sentis une décharge interne alors que sa peau chaude entrait en contact avec la mienne.

- « Je suis sûre que je voudrais la même chose... si, bien... tu sais. ».

- « J’aime à te toucher. », murmurais-je, alors que nos index se frôlaient avec douceur l’un contre l’autre.

- « C’est très excitant. », dit-elle d’une respiration.

Elle retira sa main brusquement et j’expirais lentement. Elle frémissait alors qu’elle prenait ma main sous l’ édredon. Elle s’éloigna furtivement, et évita mes yeux.

- « Tu n’aimes pas ? »

- « J’aimais trop. Je ne devrais pas. »

Je considérais son point de vue. J’attendais que ses yeux me regardent. L’ expression de son visage était difficile à lire. Un mélange d’ incertitude et de défiance.

- « Peux-tu juste me toucher encore. »

Je soupirais, alors que je me penchais vers elle légèrement. Elle regarda mes yeux inquiets. Un non-dit, une question flottait dans l’air chaud entre nous deux, et je hochais de la tête pour reprendre confiance en moi. Elle frissonnait. Après une courte pause, sa main m’ atteignit sous l’édredon. Elle se glissait sur mon ventre et ma respiration faiblissait. Sa main trouva le haut de mon pantalon et vagabonda à l’ intérieur. Un doigt toucha doucement mon membre en passant dans mon slip, et je pris une très très profonde inspiration et je la retenais. La réalité prenait un autre tour, hésitante, et les nuages avançaient.

Elle retira sa main, et regarda au travers de la fenêtre. Mais les rideaux étaient tombés, masquant ses tentatives de ré-établir le contact avec le monde extérieur. Ce n’était pas habituel, nous étions seuls. Juste moi, elle, et le complet silence qui emplissait la pièce. Nous avions tous les deux arrêté de respirer à présent. Je ne pensais même pas cesser de retenir ma respiration jusqu’à ce que plusieurs secondes se soient passées. Je laissais un long soupir s’échapper, brisant le silence.

- « Je ne peux pas croire que j’ai fait ça. », soupira-t-elle d’une voix enrouée, comme si mon soupir l’avait réveillée d’une trance.

- « Crois-moi », disais-je en douceur, « Tu l’as tout à fait et certainement fait.»

Je tendais ma main vers ses cheveux, et je jouais doucement avec. Cette fois, elle ne repoussa pas ma main. Elle semblait déconnectée, et ne remarqua même pas que mes mouvements abusaient un peu. Je tremblais presque, et je me demandais pourquoi elle ne m’ avait pas fait partir. Et maintenant, elle m’avait touchée.

Le temps passa doucement, tandis que j’essayais désespérement de lire son visage. Elle ressemblait presque à une enfant coupable, mais il y avait quelque chose qui ne sonnait pas vrai. Elle regardait fixement avec de grands yeux vides l’édredon, comme si elle avait une tête éhontée. J’attendais qu’elle me dise quelque chose, tandis que je continuais de caresser ses cheveux.

- « Je suppose... c’est ton tour. », murmura-t-elle finalement.

Je suspendais ma main dans ses cheveux.

- « Seulement si tu es sûre. »

Elle regardait vers moi et tordait sa tête légèrement. Nous fixions nos visages respectifs un temps donné. Finalement, elle prit une profonde inspiration et acquieça rapidement. Après un laps de temps, je laissais ma main descendre de ses boucles et passais sous la couette. Mes doigts cheminèrent et trouvèrent sa cuisse chaude, nue. Elle ferma les yeux. Je l’effleurais un peu plus loin, tandis que ma main glissait sous sa chemise de nuit et venait se reposer sur le mont de vénus, voilé par le coton doux. Elle expira doucement comme j' abaissais ma main et la laissais modeler les contours de son entre-jambe. Le souffle coupé, aiguisé, l’ange à côté de moi semblait s’élever dans le désir. Son visage se confondait de plaisir à mes yeux, et je retirais avec soin ma main.

Pendant l’espace d’une seconde, j’ai pensé qu’elle allait hurler de terreur, et convoquer l’étage en entier à sa rescousse. Une peur comme aucune autre surgit en moi. J’allais m’enfuir, mais je ne pouvais pas bouger. J’avais froid. Qu’avais-je fait ? J’étais soudainement certain que je m’ étais imaginé sa requête. Après tout, elle ne m’avait peut-être pas autorisé à la toucher, même au travers du coton. Mais quand elle rencontra mon regard hagard, elle souriait. L’incertitude s’était subitement évanouie de son visage. Son expression me permettait de me remémorer ce que mes doigts venaient juste de faire. Un étrange sentiment s’était fomenté au creux de mon estomac.

Sans avertir, son côté d’édredon s’abattis dans les airs. Il sembla stationner comme en suspension dans l’espace pendant un moment avant de retomber. Quand l’ édredon ne bougea plus, l’ange n’était plus en vue. Ses mains apparurent sur mon estomac et s’enroulèrent dans mes pantalons, les démolissant. Elle était à l’intérieur de mon slip.

- « Dis-moi si ça fait mal. » demanda-t-elle calmement.

Ses mains dansaient autour de mon pénis avec curiosité. Son doigt resta à son extrémité et pressa doucement. Il fallait absolument que je ferme les yeux, tandis que ma tête s’inclinait, ma nuque ne pouvait plus la supporter. Elle absorbait les dernières forces de mon corps pendant qu’elle passait le bout de ses doigts sur et autour de la noix de mon pénis. Je me sentais comme si je flottais, dérivant avec insouciance dans un monde de songes plein de couleurs chatoyantes. Ma respiration était devenue profonde et arythmique, alors que ma conscience distraite corrompait mes fonctions corporelles involontaires. Le rythme de mon coeur dépassait largement l’échelle de la normalité. Je continuais de me dire que ce n’était pas réel et ma raison se rit de telles absurdes suggestivités.

- « Tu as été interrompu, n’est-ce pas ? », murmura-t-elle tandis qu’elle enroulait son pouce et son index autour de mon membre et les laissait glisser, parcourant la mappe du réseau de veines sous la peau serrée.

De la sueur en concrescence sur mon front, et mes yeux s’ ouvraient pour essayer et retenir la réalité. Mais ce n’ était qu’une vision floue. Le monde tournait, et je me sentais comme pris de vertige par la seconde étreinte. J’ allais répondre à la question de la demoiselle, mais tout ce qui s’ échappa fut un long gémissement.

Elle tira sur l’édredon pour la retirer de mon torse et sa tête surgit. Elle fut aveuglée par la lumière comme ses yeux se trouvaient au niveau de la lampe. Une de ses mains s’occupait de mes bourses comme des ventouses, pendant que l’ autre soulevait l’ édredon, alors je pouvais voir vaguement ce qui la maintenait si occupée. Sur un ton réfrigérant, elle demanda calmement :

- « C’est trop pour toi ? ».

L’expression de son visage était plutôt joueuse, mais une légère nervosité était apparue. J’essayais de dire quelque chose. Je prenais un temps avant que mes mots ne deviennent audibles.

- « ... Bien. Mais, si tu n’ arrêtes pas, je pense qu’il se pourrait que je... tu sais. », balbutiais-je.

- « Oh », dit-elle alors qu’elle éloignait rapidement sa main.

Mes organes génitaux picotaient encore, et dans mon esprit tous ses mouvements furent joués encore et encore. Chaque petit détail, à plusieurs reprises, de plus en plus vite. Ma tête filait.

Je souris et dis mielleux :

- « Merci ».

- « Pas de problème. », dit-elle avec un grand et magnifique sourire.

Elle se laissa choir sur mon torse, son front reposant juste sous mon menton, elle laissa l’édredon nous engloutir encore. Mais cette fois, nous étions l’un contre l’autre, sentant la respiration irrégulière de l’un et l’autre ainsi que le marathon des battements de coeur. Nous nous blottirent l’un contre l’autre pour l’éternité, comme ma verge retombait et qu’un peu d’ordre revenait à ma conscience stupéfaite.

Je l’embrassais sur le haut de la tête. Elle remua. Sa tête s'est soulevée et a plané au-dessus de mon visage. Lentement ses lèvres sont descendues sur les miennes et un sas a été établi, nos bouches prises l’une par l’autre. Nos lèvres jouèrent seules durant un moment, interrompant occasionnellement leurs succions et s’éloignant l’une de l’autre pour un petit moment. Alors le bout de sa langue descendit, lappant nos lèvres à l’unison. J'ai laissé la mienne s’élever pour la rencontrer et elles se sont repoussées l'une l'autre pendant un certain temps. Puis elles ont glissé l'une devant l'autre et autour de l'une de l'autre, explorant nos bouches avec des attaques lentes et délicates. Elles jouèrent tandis que nous nous enroulions dans nos bras respectifs et que nous les maintenions serrés.

Je pouvais sentir la forme de ses seins alors qu’ils se frôlaient contre moi au travers de sa chemise de nuit et de mon imperméable. Ma verge rose, encore, et turgescente vers elle. Elle se retira brusquement et roula sur le sol à côté de moi. Nos respirations étaient maintenant enragées et lourdes. Nous restâmes ainsi, aucun de nous ne dit un mot, pour un très long intervalle de temps. Nos mains étaient encore reliées ensemble, et nous étions contents tous les deux de regarder le plafond.

- « C’est ton tour encore, pensais-je », dit-elle calmement, de sa voix appétissante.

Elle était réelle, assez, sa voix restaurant le sens de la réalité en toute occasion. Les évènements se produisaient réellement. Je me dis : « ...ça doit être réel. ». Jamais rêves ne pouvaient espérer être aussi parfaitement irrésistibles. Je me tournais vers son visage encore, et nous nous souriâmes l’un à l’autre chaleureusement. Alors, elle a rit sottement. Et j’ai gloussé. Soudainement, elle s’est assise et a jeté sa chemise de nuit au dessus de sa tête, et elle l’a expédié sur le côté. Ma mâchoire tomba en un baillement à la vue merveilleuse avant moi. Tout était si parfait - et tangible. Ma main traversait directement sa poitrine et je la caressais doucement avec le bout des doigts. Elle roula des yeux et sembla se cambrer un peu.

J’hésitais, m’arrêtant un moment pour écouter ses respirations haletantes. Bien qu’elle semblait tendue, je ne pensais pas qu’elle voulait me voir arrêter mes ébats. Je commençais à utiliser ma main entière pour sentir sa poitrine, la tenir dans ma main. Elle trembla lorsque ma main affleura fermement son mamelon. Ensuite, elle me regarda - des yeux qui se soustrayaient aux miens et un sourire sinistre. On aurait dit qu’elle n’était plus elle-même, comme si elle avait perdu les qualités d’ enfant que je chérissais. Je commençais à trouver que sa personnalité était bien plus profonde que je n’ aurais bien voulu l’imaginer. Bien que c’était effrayant de la voir sous un jour si différent, j’ étais satisfait de la trouver encore comme étant la plus adorable des personnes dans l’ univers, réelle ou imaginée.

Elle ferma ses yeux, comme je continuais de sentir et de la toucher doucement avec mes mains, apprenant la forme de ses seins, imprimant toutes les sensations dans mon esprit. Je remarquais seulement alors qu’elle avait fermement tenu mes cuisses. Je glissais mes mains sur ses flancs, et en j’en laissais une sur son ventre. Elle a saisi mes jambes plus fermement pendant que mon doigt glissais sur son nombril. Ma main trouvait le passage jusqu’ à sa petite culotte, et je regardais ses yeux fermés. Ils se réouvrirent lorsqu’elle perçut mon hésitation. Elle me regardait prenant soin de moi. Je sentais alors qu’elle commençait à ressentir un peu de l’ adoration que j’avais pour elle.

Je lui souriais diaboliquement et elle ferma ses yeux doucement encore. Elle fit de sa croupe une légère arche alors que je découvrais son sexe. J’ étais surpris de trouver sa petite culotte et son duvet quelque peu gluants. Je passais ma main soigneusement au travers de son duvet, éloignant un peu le liquide. J’ôtais ma main avec précaution et l’apportais à mon nez. Je reniflais avec circonspection, et je trouvais l’effluve étrangement familière quoique pas totalement nouvelle encore. J’inhalais un peu plus profondément, et je pense que j’aimais cette senteur parce que sans réfléchir, ma langue sortit et glissa le long du bout de mes doigts. Initialement, cela avait été la pagaille, j’ en réfère au goût sâlé et les cloches de l’ hygiène, tels des avertisseurs, résonnaient dans ma tête. Mais avant que je ne puisse m’arrêter, je me trouvais moi-même goûtant la chose, et la suçant de mes doigts un peu comme du chocolat mélangé. Je continuais d’analyser l’amer, encore une saveur douce que je portais à ma bouche. Je secouais ma tête doucement tandis que je réfléchissais d’où la chose pouvait bien venir. Je la buvais, pour l’amour de Dieu !

Le monde commença à se plier et à se tordre autour de moi, se contorsionnant en formes insensées. Je devais fermer les yeux. Soudain je dégringolais comme glissant sur l’ eau, seulement j’étais en train de glisser sur l’eau. Le goût dans ma bouche intensifia le moment pendant lequel je fermais les yeux, et je me trouvais émerveillé par l’incrédulité. Ceci me semblait tellement impossible que cette demoiselle me laisse la goûter. Je continuais de savourer la saveur de son cocktail aphrodisiaque dans un état d’ extase vertigineuse.

Elle retint mes épaules et je sursautais en arrière ouvrant les yeux. Le monde se trouvait recentré, le focus modifié, et je me trouvais à nouveau regardant vers elle. J’avais encore la saveur piquante dans la bouche pour me rappeler que tout était presque réel. Et comme je pliais mes doigts légèrement, je pouvais sentir les résidus assêchés que son nectar avait laissé sur moi.

Elle rit doucement :

- « Délicieux? ».

- « Mmm... », dis-je, lêchant mes lèvres à profusion.

Elle gloussa et je commençais à rire avec elle. On riait tous les deux, et j’ aimais ça. Je commençais à la chatouiller sous les côtes, et nous roulâmes sous les couvertures quelques temps. Juste chatouiller et rire sottement. Poussant des cris perçants et geignant. Finalement, elle s’allongea et je m’étendais sur le lit à côté d’ elle. Nous battions tous les deux du flanc, et j’étais en train de souffrir de tous ces rires et je picotais de toutes ces suçons et de leurs marques. Nous nous reposâmes un peu, je laissais juste mes yeux caresser son corps. Elle était juste si complètement parfaite à mes yeux.

Je m’ étendais pour la sentir encore. Mais cette fois je prodiguais mes aménités avec ma main autour de son Mont de Vénus, sentant ses lèvres à l’entrée de sa fleur. J’ai glissé sur les glaires et je me suis arrêté. Je les frottais entre mon pouce et mon index, et l’air sortait précipitamment de sa propre bouche. Je mouvais mes deux mains autour de sa vulve, en la tenant, et je continuais de caresser avec mon pouce, un peu plus vite. Sa respiration était comme syncopée, mais elle était détendue. Réellement détendue. Son regard était au plus reposé, mais un sourire s’animait trahissant sa concentration. Tandis que je continuais de la masturber, je me demandais ce qu’elle était en train de penser.

Un mouvement imperceptible m’ a fait sursauter l’espace d’un instant. Mais je continuais de sentir les pourtours, et de flatter et de faire glisser mes doigts, captivé par le fait qu’elle me laissait tout faire. Et même qu’elle y prenait joie. Alors elle commença à bouger sous mes mains, de la plus émérite des façons. Elle commença à gémir, et elle émit même un geignement dont la tonalité était une basse fréquence. J’ ai alors reconduit mes mains pour les reposer sur ses cuisses. Et j’ai juste laissé tournoyer les gémissements et geignements pour le peu de temps qu’il restait.

Tout redevint calme. Je repose à côté d’ elle sur le sol. J’ai ramené la couverture à nous et j’ai posé un côté de ma tête sur l’oreiller. Je regardais avec stupeur dans son oreille, rejouant toute cette diabolique affaire dans ma tête. Je suppose que j’étais dans un demi-état de choc. Peu importe combien je tentais de rationnaliser ce moment dans sa totalité, le plus amusant, c’est qu’il semblait qu’avec profondeurs, de tels merveilleux enchaînements d’ évènements aient pu justement prendre place.

Plusieurs minutes se passèrent avant qu’elle ne me re-présente son visage. Elle semblait comme choquée, aussi extatique et satisfaite que je pouvais l’ être. Nous nous regardions intensément juste l’un et l’autre. C’est alors que sans prévenir, nous commençâmes à glousser calmement. Puis, tous les sons disparurent, et nous nous regardâmes encore un peu plus intensément.

- « Merci », soupirais-je.

Elle hocha la tête légèrement.

- « C’était bien, n’ est-ce pas ? »

- « Le meilleur.»

- « Hum... » souffla-t-elle.

Nous fermâmes nos yeux, et nos mains se rejoignirent sous l’édredon. Il se produisit un long moment sans que rien d’autre ne se passe. Nous étions heureux que le diable nous emporte puis nous laisse finir, je pense. Mais, tout à coup, la demoiselle libéra ma main et s’assit. J’ouvrais mes yeux et je la vis regarder vers moi. Je pouvais voir à son visage que c’était terminé.

- « Je pense que nous avons fait le tri, n’ est-ce pas ? », demanda-t-elle, sur un ton d’ ordre pratique.

- « Oh, oui. », dis-je, « De façon emphatique. »

Elle regarda l’édredon, et abaissa sa voix :

- « Est-ce que tu penses que tu m’aimes encore ? »

- « Le voudrais-tu ? »

Elle renferma son visage dans ses pensées pour une seconde, et puis elle acquieça. « ça pourrait être cool ! », dit-elle rapidement, se levant. Elle s’éloigna de moi et se glissa dans sa chemise de nuit. Je soupirais tandis que ses fesses de coquines s’évanouissaient derrière le mur de coton rouge.

Je me suis levée et elle s’ est retournée à nouveau.

- « Je t’aime », soupirais-je.

Elle a souri largement et s’est penchée vers moi.

- « Et tu es mon ami particulier», soupira-t-elle en retour, tenant doucement ma main. Elle le caressa des doigts affectueusement, et ajouta très rapidement :

- « Je t’aime aussi ».

J’essayais de penser à dire plus. Mais tout avait été dit.

- « Je ferais mieux d’y aller. »

- « Oui, ça pourrait être le mieux. », dit-elle.

Elle fronça des sourcils doucement et regarda au loin. Je commençais à prendre le chemin de la porte, et sa main me suivait. Je m’ arrêtais. Alors sa tête se tourna et elle me regarda avec un sourire solennel. Je souriais doucement.

- « Tu sais, ça n’ aurait jamais dû se produire.», soupira-t-elle, avant de s’ avancer vers moi pour m’ embrasser sur la joue.

Je posais ma main sur la clanche de la porte tandis qu’elle revenait. Je la tournais doucement, et soigneusement je maintenais la porte ouverte. Des lumières et de la chaleur émanant du Paradis s’ immiscèrent dans le couloir. Je me retournais pour un jeter un dernier regard vers elle.

- « Ça ne s’est jamais produit, n’ est-ce pas ? C’était tout juste un rêve flou », répondis-je, avec un clin d’ oeil.

Avec ceci, je tournais et passais à travers la porte d’entrée. Le Paradis se trouva dilué derrière moi. Je fus aveuglé et trouvais que le monde réel était revenu. Alors que je disparaissais en bas dans le couloir vaguement allumé, la seule preuve de cette nuit au Paradis, était un brin de coton rouge, tombé de ma manche et reconduit au sol. Ce brin fit repousser le froid glacial hors du Paradis et s’ évanouit doucement de l’ existence.

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French translation of this chapter provided by Myriam Lair... I kiss you, bub