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Samuel

Le nouveau-né vint au monde, dans les mains impatientes d’ un docteur souriant. C’était le plus joli garçon que l’ on avait pu mettre au monde sur la Terre, ou qu’il puisse être né par la suite. Tout à propos de lui reflétait la beauté et la délicatesse. Ses minces doigts disproportionnés, sa tête ronde et rose, et son petit corps potelé, le tout additionné du plus aimable des nourrissons qu’ aucun ne puisse espérer s’ imaginer.

Quelque chose du cérémonial du quotidien avait rompu, la maman était tombée dans les pommes comme endormie. Mais étant donné la récompense des heures de travail douloureux, elle méritait le repos. En dépit des épreuves par lesquelles elle était passée, elle avait un visage serein correspondant à la majesté de l’évènement. Sa bouche s’était éclose en un sourire de satisfaction. Les seuls éléments trahissant le dur labeur qu’elle avait enduré étaient les entrelacs de sa chevelure dépeignée auréolant son visage. Celle-ci s’ étendait hasardeusement sur l’ oreiller la maintenant à demi-assise.

Le cordon ombilical était coupé, et chacun dans ce monde cessa ce qu’il était en train de faire pour un instant. C’était le seul point défini de toute cette naissance, et comme tel, fut marqué le commencement d’une nouvelle vie. Le commencement d’une ligne définissant un nouvel espace-temps dans le monde, lequel aurait voulu voir ce petit garçon vivre une vie d’ une manière que vous n’auriez jamais soupçonnée. Pour le garçon, nonobstant sa pure perfection, il manquait quelque chose. Mais nul ne l’ avait remarqué, parce qu’ils étaient trop profondément effrayés par le miracle dont ils venaient bienheureusement d’ être témoin. Deux hypothèses, ou bien ils étaient trop fatigués, ou trop étourdis.

Le docteur, négligeant, tenait le bébé tel une infirmière fatiguée. Elle, cette dernière, elle était une bonne et très laborieuse infirmière, dans la force de l’ âge. Elle était jolie, plantureuse, et dans un style bien à elle, le visage rougi par la chaleur. En ce jour, elle souffrait d’une détresse mineure - celle qui refait surface avec la régularité de la monotonie. Bien qu’elle insistait elle-même sur le fait que ce soit léger, ce jour avait fait force preuve qu’on lui en avait bien trop demandé. Elle transpirait, et se trouva au milieu d’ un mal de tête engourdissant. Je serai bientôt à la maison, pensait-elle en elle-même, jetant un oeil rapide à la pendule du mur. Son tour de garde était bientôt terminé.

L’ infirmière réussit cependant à sourire à l’ enfant hurlant, mais elle dut interrompre un baillement. Pour l’ infirmière, c’était comme de l’ essence pour les flammes de son mal de tête. Bien qu’ éclairement. Les cris de l’ enfant représentaient un pouvoir énergisant et faisaient office d’ un discours chargé émotionnellement. Le garçon l’ avait préparé tout ce temps dans l’ utérus, réfléchissant plusieurs autres versions de ce cri dans son petit esprit occupé, avant qu’il n’ ait décidé de l’ orchestration finale de ses pensées et sentiments. Et comme son esprit n’ avait pas encore été corrompu par les idiosyncrasies du langage, il était peut-être plus à même de s’ exprimer clairement qu’ aucun autre petit écolier.

Mais en fait, peut-être que non, comme personne ne le comprenait dans la chambre. Pas un seul de l’ un d’ entre eux ne pouvait comprendre ses pleurs. Au lieu d’en ignorer les articulations, les considérant comme n’ étant rien de plus que les cris d’ un bébé pleurant de peur après avoir quitté sa maman. Et jusqu’à un certain point, c’était le point le plus important de son discours, bien qu’il y avait d’ autres choses sur lesquelles il désirait attirer son attention.

Le bébé fut doucement essuyé avec une serviette. L’ infirmière atteignit le chariot, prit une couverture et y emmaillota le minuscule enfant. Momentanément pénétré par le confort de la couverture, le petit garçon fit une pause. Il se pelotonna contre elle et prit note de sa texture. Il aurait probablement voulu avoir un ours en peluche si jamais il avait su ce que c’était. Il le saura bien assez tôt. Soudainement le garçon réalisa qu’il avait laissé son dernier phrasé de bébé en suspens, et résuma très rapidement son sentiment de nouveau-né de façon brute.

L’ infirmière posa une question au docteur, et il hocha la tête en quise de réponse. L’ infirmière prit l’ enfant dans la pièce. Elle le berca de ses deux bras, le calmant gentiment avec douceur et d’autres mots relaxants. En réalité, le garçon pensait qu’il était en train de se poser des questions à propos des points qu’il avait fait dans son discours. Il ne pouvait pas comprendre ses marmonnements incohérents, et était initialement plutôt patient et content d’ écouter.

Mais alors ils arrivèrent à l’infirmerie, où l’ enfant avait été déposé afin de se reposer dans un berceau. Et l’ enfant perdit patience et revint sur quelques points de son discours encore. Et puis, l’infirmière lui murmura chaleureusement une fois de plus, et cette fois, il eut l’ impression qu’elle était en train de sympathiser avec lui. Après cet évènement, il fut content de quitter son berceau.

Alors, ce fut après quelques temps, et avec une considérable patience (des deux côtés), que l’ infirmière parvint à calmer finalement le bébé. Elle se mit à bailler comme elle traversait la chambre pour coller un bracelet à la tête du berceau. Elle griffona au stylo en lettres capitales CLINDOBSKI et revint sur ses pas vers l’ enfant. L’enfant s’ était écroulé de sommeil, il semblait si chaleureux et câlin, enveloppé fermement dans sa couverture bleu pastel. Finalement, l’ infirmière appréciait l’ importance de la-dite naissance à laquelle elle venait juste de prendre part. Son mal de tête disparut en un moment : comme elle s’ émerveillait à propos de la nature de la vie. Elle sourit, et attacha le bracelet au berceau puis quitta la chambre.

Un court moment plus tard, le docteur arriva, avec le certificat de naissance sur son dossier. C’était un grand homme avec une peau tannée et des cheveux noirs. Il semblait être légèrement préoccupé lorsqu’il traversa la chambre, remuant tel un mini-cyclone laissant un sillage d’ air. Son manteau blanc agité et affluant de remous, le suivant à contre-coeur.

Il y avait juste un détail sur le certificat de naissance, lequel n’ avait pas été annoté. C’était justement un détail plus qu’important. Au moins, c’était assez important de garantir cette place sur le certificat de naissance depuis l’ aube et dans le temps. Sa tête fit le tour de la chambre rapidement pendant que ses yeux affolés cherchaient après le bébé qu’il venait de délivrer. Il était soulagé de trouver qu’il n’ avait pas besoin de déranger l’ enfant pour remplir le détail manquant. Il jeta un bref regard au bébé installé douillettement dans sa couverture bleu pastel, sourit pendant un instant, et rapidement cocha une boîte et s’ en alla.

Mr Clindobski était au travail. Et il était hardemment occupé à ses tâches, parce que c’est ce que chacun fait habituellement à son travail. Précédemment, il avait été pour le moins débordé de travail - jusqu’ au moment où il fut interrompu par un appel téléphonique.

- « Mr Clindobski? »

- « Oui »

- « Connaissez-Vous votre femme ? »

- « Bien sûr »

- « Très bien. Hum, bien, je suis son docteur... »

- « A-t-elle déjà eu le bébé ? »

- « Oui, monsieur. Il y a moins d’une heure. »

- « Alors, c’était un garçon ou une fille ? »

- « Garçon »

Mr Clindobski était complètement extatique. Et s’ il avait été une personne très extravertie, il aurait pu commencé à s’ agiter comme le type dans la publicité Toyota. En fait, il aurait dû probablement, comme si c’était la raison infiniment la plus importante de sauter en l’ air comme un idiot. Après tout, Mr Clindobski était le papa du plus beau bébé jamais né. Pour être juste, et cela est vrai : Mr Clindobski se sentait comme s’ il était comme aux cimes du monde, bien qu’il choisit de ne pas aller au-delà dans l’ extériorisation de sa joie.

En l’ espace d’ une demi-heure, le nouveau papa tout excité avait appelé l’ ensemble de ses amis et parents pour relayer la nouvelle. Son moral était fièrement remonté par son fils nouveau-né. Invariablement, ils demandèrent comment le garçon avait été baptisé. « Samuel, je pense. Sauf si Leonie a changé d’ avis. »

Plus tard dans l’ après-midi, Mr Clindobski était sur le point de terminer son travail, quand il eut un autre appel téléphonique de l’ hôpital. Il fut appelé dans l’ urgence à rendre une visite. Sur le coup, Mr Clindobski était en panique, pensant que le pire s’ était produit. Immédiatement, il décrocha le téléphone, sans même penser à poser la simple question : « Qu’est-ce qui ne va pas ? ». Au lieu de ça, il est sorti précipitamment de sa voiture, se posant la question lui-même. Qu’était-il arrivé à son fils ? Léonie se portait-elle bien ? Quelles étaient les probabilités d’ avoir un planning chargé, pour aller au plus vite ? Envisageant les réponses les pires possibles, il fonça vers l’ hôpital.

Un Mr Clindobski affolé courut jusqu’à la réception du bureau, terriblement haletant. Il demanda à être dirigé vers sa femme. L’ infirmière semblait anormalement calme pour lui. Il trempa dans la direction du réceptionniste et disparut instantanément dans une aile de la maternité.

Il chancela dans la salle, et rapidement chercha après sa femme. Par la fenêtre, il vit son lit. Elle était assise, un berceau vide était à côté d’ elle, et son fils était dans ses bras, enveloppé dans sa couverture bleue. Il poussa un soupir de soulagement et lentement prit le chemin de sa femme, souriant attentivement.

Mrs Clindobski leva les yeux et montra un visage rayonnant à son mari. Alors, elle retourna vers son bébé, souriant encore. Elle émit les rougissements d’une maman qui vient juste de devenir une mère. Une maman intensément fière de l’ être. Elle brossa affectueusement la fontanelle de la tête du bébé, et elle semblait presque sourire.

Mr Clindobski s’ accroupit à côté du lit de sa femme et regarda vers son fils nouveau-né. Il rejoignit sa femme, et ils rayonnèrent d’un regard l’ un vers l’ autre. Il était frappé par combien pouvait sembler être adorable ce petit garçon. Ses yeux étaient clos fermement et un petit doigt de sa petite main émergea de dessous la couverture et toucha le menton du bébé.

Rien n’ était dit depuis un moment. C’était suffisant pour cette nouvelle famille d’ avoir la joie d’ être ensemble. Mais après quelques temps, Mr Clindobski eut le sentiment qu’il devait dire quelque chose. « Est-ce qu’on l’ appelle toujours Samuel ? » demanda-t-il, tout en parvenant à toucher le petit doigt de son fils.

« En réalité, c’est pour ça que je les fais appeler », répondit tranquillement Mrs Clindobski. Mr Clindobski regarda vers sa femme et fronça légèrement les sourcils.

« J’ ai l’ impression que quelque chose était arrivé à l’ un de vous ». Il remarqua que sa femme souriait un peu, et il posa le bout de ses doigts sur ses lèvres, comme s’ il voulait estomper un rire. Elle regarda vers lui avec de grands yeux moqueurs. Mr Clindobski était déconcerté, et il se demandait ce qui pouvait être si drôle.

- « D’ une certaine façon... Bien, en réalité nous avions un autre nom en tête, n’ est-ce pas ? »

- « Devrait-on ? Je ne me souviens pas... », répondit Mr Clindobski, se tordant un peu la face.

- « Dianne » dit Mrs Clindosbki, en gloussant doucement. Les yeux de Mr Clindobski s’élargirent.

« Tu veux dire qu’il n’ est pas... Je veux dire... » balbutia Mr Clindobski. Mrs Clindobski hocha la tête gentiment. Mr Clindobski resta silencieux un moment, se détournant du regard de sa femme et jeta un coup d’ oeil à sa fille. Tout prenait une nouvelle lumière pour lui, bien que primordialement, la petite fille était bienheureusement inconsciente de ce en quoi consistait la différence entre être une fille et être un garçon. Cela ne signifiait rien pour elle, comme elle restait paisible. Mais ça signifiait beaucoup pour ses parents.

Mr Clindobski contempla le visage de sa fille, et fut satisfait de son prénom.

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French translation of this chapter provided by Myriam Lair... I kiss you, bub